Biographie du sculpteur
Un artiste provençal :
Victorien Antoine est d’origine provençale, il est
né le 17 janvier 1852, à l'aube du Second Empire.
Il est issu d’une lignée de petits propriétaires
exploitants agricoles. La ferme des Charagon est
implantée sur une colline de Bollène, un village
de la vallée du Rhône, dans le quartier du Puy.
Champ d'oliviers
de la Ferme des charagons
Sa formation est brève, puisqu’il
doit aider ses parents dès l’âge de 11 ans,
avec, probablement, son certificat d’études. Il continuera
ses études durant toute son existence, essentiellement
en Histoire de l’Art et en Littérature. Il garde
le troupeau familial, puis travaille la terre. Il n’a pas
la constitution d’un agriculteur, mais il supplée
l’absence de son frère Augustin, parti au front durant
la guerre de 1870 contre les prussiens.
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Augustin
:
Le
frère de Victorien
à l’entrée de la cour.
Marie
Thérèse Justamond
La mère de l'Artiste
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Sa vocation est unique dans sa famille.
C’est pour cette raison que la décision de
l’inscrire à l’Ecole des Beaux-Arts d’Avignon
est prise tardivement. Il intègre cet apprentissage
à l’âge de 19 ans, et confirme les espoirs
que son entourage avait placé en lui.
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Le déracinement à
Paris : à partir de 1873
Ecole Nationale des Beaux Arts
de Paris
Il obtient une bourse modique, qui ne
prend effet qu’un an et demi plus tard, car il lui
faut réussir le concours d’entrée. Il
connaît des heures difficiles, comme de nombreux étudiants
de cette époque. Son état d’épuisement
physique et moral est préoccupant. Lorsqu’il
intègre l’école, le 15 mars 1875, il
ne peut se consacrer à ses études que durant
quelques mois.
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Le
sculpteur-soldat : Octobre
1875 à août 1879.
Il est appelé au 17ème régiment
d’infanterie à Béziers, pour une conscription
qui brise tout espoir de se présenter au concours
du Prix de Rome. Il sait qu’à son retour à
la vie civile, il sera trop âgé pour le tenter.
Cette période lui permet cependant de reprendre des
forces, de connaître un mécène qui le
fait travailler durant toute sa carrière : Joseph
Vallarino, un négociant en vins de Béziers.
Il l'introduit auprès de notables de Perpignan, Castres,
Pézenas et Béziers, qui vont former une clientèle
fidèle.
Parmi elle, deux amateurs de ses œuvres : le sénateur
des Pyrénées Orientales, Jules Pams et le
manufacturier Justin Bardou, qui fabrique les papiers à
cigarettes Job. La presse locale soutient le sculpteur-soldat
ainsi que la municipalité. Bastet leur témoigne
de sa reconnaissance par des œuvres, telles que le
bas- relief du "Premier péché",
ou la scène de genre du "Soldat blessé",
qu’il offre à ceux qui le soutiennent. Il lègue
à cette ville cultivée, le joli buste en terre
cuite de "Enfant endormi", médaillé
d’or à l’exposition des Beaux-Arts de
Marseille en 1879.
A la fin de sa conscirption, il retrouve à Paris,
l'Ecole des Beaux Arts, jusqu'à l'âge de trente
ans.
Il complète sa
formation, à l'école des Arts décoratifs
de Paris, sous la tutelle d'Aimé Millet (1819-1891)
et qu'il parachève en août 1882 afin de lancer
véritablement sa carrière d’artiste.
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Auto-portrait en
uniforme
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L’artiste
confirmé : à partir de 1882
De retour à Paris, il vit avec une jeune
femme, d'origine normande, Juliette Delorme qui devient son modèle
favori. Juliette est gaie, et très sociable. Elle suit
durant plusieurs années, des cours de chants. Victorien
Bastet l’initie à la sculpture à partir de
1886, elle expose ses œuvres au SAF.
Elle devient son épouse et lui donne tardivement un fils
appelé André.
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Auto-portrait
de Victorien Antoine Bastet
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Photo
de Juliette
offerte par un descendant de Félix Charpentier,
un sculpteur bollénois et contemporain de Bastet.
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Un des immeubles
qu’il
a habité dans le VI ème. arrondissement
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Victorien est un artiste discret, introverti,
qui préfère la solitude de son atelier et
de ses lectures, aux mondanités. Il refuse les
visites des journalistes, car il redoute d’être
incompris. La presse est pourtant élogieuse et
prolixe à son égard.
Depuis l’envoi d’une sculpture nommée
"Narcisse", en 1879, qu’il a présenté
durant son service, il a, chaque année, proposé
ses plus belles oeuvres au Salon des Artistes Français.
En 1886, il y remporte une médaille de deuxième
classe, l’incontournable lieu de promotion des sculpteurs
et prend le titre de maître.
Avec "Abandonnée" qui l’intronise
cette année-là et le classe hors concours,
il devient membre du jury, aux côtés des
plus grands noms de la sculpture : Rodin, Carpaux, Dalou.
Cette même année, il reçoit la commande
de six médaillons de personnalités provençales,
émanant de la bibliothèque municipale de
Toulon. C'est sa première commande publique. Il
fait construire son atelier.
La vie a été difficile financièrement
jusqu’au tournant de sa carrière, mais, grâce
à "Abandonnée", il connaît
une certaine aisance.
Il peut alors acheter des morceaux de marbre de Carrare.
Il emploie, à cette époque, deux domestiques.
Son
atelier : 36,
rue des Artistes dans le XIVè. arrondissement
à Paris |
Il revient se ressourcer durant ses vacances, dans son
village natal, ainsi que dans les lieux connus durant
son séjour languedocien. Plusieurs artistes provençaux,
qui ont suivi le même parcours que lui vers la capitale,
tels son compatriote Félix Charpentier, font partie
de ses proches. Le terroir se ressent à travers
les thèmes qu’il traite : "Source de
Vaucluse" et "La Vigne mourante".
Buste
de Mme Pourquery de Boisserin
Sa carrière est liée aux concours et aux
expositions (particulièrement le Salon des Artistes
Français) et à une clientèle essentiellement
privée, souvent d'origine provinciale du Midi de
la France.
En 1901, il est nommé membre perpétuel de
la société des artsites français,
la Mairie de Paris lui commande deux oeuvres en marbre
: "Eve" et "Manon".
En 1903, c'est l'Etat qui lui commande trois bustes de
personnalités, celles de Pierre Parocel, de Michel
de Bourges et de Georges-Louis Duvernoy.
Il donne des cours à 5 élèves (dont
son épouse : Juliette Delorme). De 1897 à
1902, il devient sociétaire du jury au Salon des
Artistes Français.
Les commandes qui le font vivre proviennent
des bustes essentiellement. Il a participé tardivement
à la statuomanie, ce qui explique le peu d'oeuvres
répertoriées en ce domaine. Il a par contre
largement travaillé en tant que bustier, en témoignent
les œuvres et des bustes de notables.
Victorien-Antoine Basetet a peu contribué à
l'art funéraire, on trouve quelques "Douleurs".
Il a fait quelques bustes posthumes, dont celui de Justin
Bardou, son plus fidèle client.
Parallèlement, il développe une production
dans le domaine des Arts Décoratifs, avec des projets
de cheminée qui ornent des intérieurs bourgeois
ou des objets qui reprennent les sujets qu’il affectionne
:
" Salammbô", "Comète",
"Danseuse".
Certaines de ses œuvres font l’objet d’une
souscription : le Monument à Roumanille dans le
square Saint-Martial à Avignon, par exemple.
Un
destin brisé : de 1899 à 1905
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Victorien a 47 ans, il a contracté une
bronchite, l’année précédant
la naissance d’André, qui se conjugue
à un surmenage chronique.
Son organisme affaibli et sa grande maigreur le
rendent vulnérable. Il est atteint d’hémiplégie
en 1902, à la suite d’une congestion
cérébrale. Ses amis d’enfance,
originaires de Bollène, tels que le docteur
Locque, devenu sénateur, le soutiennent
en obtenant quelques commandes de réduction
pour ses plus belles créations.
Il décède le 5 mars 1905, à
l’âge de 52 ans. il a vécu
les dernière année de sa vie dans
une grande précarité. Juliette,
son épouse, devenue veuve, trouve un travail
de lingère, qu’elle conserve jusqu’à
sa retraite en Algérie, auprès de
son fils André. Ce dernier, n’avait
que 6 ans à la mort de son père.
Victorien
dans son atelier
devant le buste de la Catalane, thème qu’il
a souvent repris
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