Sculpteur Statuaire - 1852-1905
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Biographie du sculpteur


Un artiste provençal
:
Victorien Antoine est d’origine provençale, il est né le 17 janvier 1852, à l'aube du Second Empire.
Il est issu d’une lignée de petits propriétaires exploitants agricoles. La ferme des Charagon est
implantée sur une colline de Bollène, un village de la vallée du Rhône, dans le quartier du Puy.

Champ d'oliviers de la Ferme des charagons

Sa formation est brève, puisqu’il doit aider ses parents dès l’âge de 11 ans, avec, probablement, son certificat d’études. Il continuera ses études durant toute son existence, essentiellement en Histoire de l’Art et en Littérature. Il garde le troupeau familial, puis travaille la terre. Il n’a pas la constitution d’un agriculteur, mais il supplée l’absence de son frère Augustin, parti au front durant la guerre de 1870 contre les prussiens.

      

Augustin :
Le frère de Victorien
à l’entrée de la cour.

 

 

 

 

 

 

Marie Thérèse Justamond
La mère de l'Artiste


Sa vocation est unique dans sa famille.
C’est pour cette raison que la décision de l’inscrire à l’Ecole des Beaux-Arts d’Avignon est prise tardivement. Il intègre cet apprentissage à l’âge de 19 ans, et confirme les espoirs que son entourage avait placé en lui.

Le déracinement à Paris : à partir de 1873



Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris

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Il obtient une bourse modique, qui ne prend effet qu’un an et demi plus tard, car il lui faut réussir le concours d’entrée. Il connaît des heures difficiles, comme de nombreux étudiants de cette époque. Son état d’épuisement physique et moral est préoccupant. Lorsqu’il intègre l’école, le 15 mars 1875, il ne peut se consacrer à ses études que durant quelques mois.

Le sculpteur-soldat : Octobre 1875 à août 1879.

Il est appelé au 17ème régiment d’infanterie à Béziers, pour une conscription qui brise tout espoir de se présenter au concours du Prix de Rome. Il sait qu’à son retour à la vie civile, il sera trop âgé pour le tenter. Cette période lui permet cependant de reprendre des forces, de connaître un mécène qui le fait travailler durant toute sa carrière : Joseph Vallarino, un négociant en vins de Béziers. Il l'introduit auprès de notables de Perpignan, Castres, Pézenas et Béziers, qui vont former une clientèle fidèle.
Parmi elle, deux amateurs de ses œuvres : le sénateur des Pyrénées Orientales, Jules Pams et le manufacturier Justin Bardou, qui fabrique les papiers à cigarettes Job. La presse locale soutient le sculpteur-soldat ainsi que la municipalité. Bastet leur témoigne de sa reconnaissance par des œuvres, telles que le bas- relief du "Premier péché", ou la scène de genre du "Soldat blessé", qu’il offre à ceux qui le soutiennent. Il lègue à cette ville cultivée, le joli buste en terre cuite de "Enfant endormi", médaillé d’or à l’exposition des Beaux-Arts de Marseille en 1879.
A la fin de sa conscirption, il retrouve à Paris, l'Ecole des Beaux Arts, jusqu'à l'âge de trente ans.
Il complète sa formation, à l'école des Arts décoratifs de Paris, sous la tutelle d'Aimé Millet (1819-1891) et qu'il parachève en août 1882 afin de lancer véritablement sa carrière d’artiste.

 

 

Auto-portrait en uniforme

L’artiste confirmé : à partir de 1882

De retour à Paris, il vit avec une jeune femme, d'origine normande, Juliette Delorme qui devient son modèle favori. Juliette est gaie, et très sociable. Elle suit durant plusieurs années, des cours de chants. Victorien Bastet l’initie à la sculpture à partir de 1886, elle expose ses œuvres au SAF.
Elle devient son épouse et lui donne tardivement un fils appelé André.

Auto-portrait de Victorien Antoine Bastet

Photo de Juliette
offerte par un descendant de Félix Charpentier,
un sculpteur bollénois et contemporain de Bastet.


Un des immeubles qu’il a habité dans le VI ème. arrondissement

 

Victorien est un artiste discret, introverti, qui préfère la solitude de son atelier et de ses lectures, aux mondanités. Il refuse les visites des journalistes, car il redoute d’être incompris. La presse est pourtant élogieuse et prolixe à son égard.
Depuis l’envoi d’une sculpture nommée "Narcisse", en 1879, qu’il a présenté durant son service, il a, chaque année, proposé ses plus belles oeuvres au Salon des Artistes Français. En 1886, il y remporte une médaille de deuxième classe, l’incontournable lieu de promotion des sculpteurs et prend le titre de maître.
Avec "Abandonnée" qui l’intronise cette année-là et le classe hors concours, il devient membre du jury, aux côtés des plus grands noms de la sculpture : Rodin, Carpaux, Dalou. Cette même année, il reçoit la commande de six médaillons de personnalités provençales, émanant de la bibliothèque municipale de Toulon. C'est sa première commande publique. Il fait construire son atelier.
La vie a été difficile financièrement jusqu’au tournant de sa carrière, mais, grâce à "Abandonnée", il connaît une certaine aisance.
Il peut alors acheter des morceaux de marbre de Carrare. Il emploie, à cette époque, deux domestiques.


Son atelier : 36, rue des Artistes dans le XIVè. arrondissement à Paris


Il revient se ressourcer durant ses vacances, dans son village natal, ainsi que dans les lieux connus durant son séjour languedocien. Plusieurs artistes provençaux, qui ont suivi le même parcours que lui vers la capitale, tels son compatriote Félix Charpentier, font partie de ses proches. Le terroir se ressent à travers les thèmes qu’il traite : "Source de Vaucluse" et "La Vigne mourante".


    Buste de Mme Pourquery de Boisserin
Le Buste de  mme Pourquey de Boisserin
Sa carrière est liée aux concours et aux expositions (particulièrement le Salon des Artistes Français) et à une clientèle essentiellement privée, souvent d'origine provinciale du Midi de la France.
En 1901, il est nommé membre perpétuel de la société des artsites français, la Mairie de Paris lui commande deux oeuvres en marbre : "Eve" et "Manon".
En 1903, c'est l'Etat qui lui commande trois bustes de personnalités, celles de Pierre Parocel, de Michel de Bourges et de Georges-Louis Duvernoy.
Il donne des cours à 5 élèves (dont son épouse : Juliette Delorme). De 1897 à 1902, il devient sociétaire du jury au Salon des Artistes Français.

Les commandes qui le font vivre proviennent des bustes essentiellement. Il a participé tardivement à la statuomanie, ce qui explique le peu d'oeuvres répertoriées en ce domaine. Il a par contre largement travaillé en tant que bustier, en témoignent les œuvres et des bustes de notables.
Victorien-Antoine Basetet a peu contribué à l'art funéraire, on trouve quelques "Douleurs". Il a fait quelques bustes posthumes, dont celui de Justin Bardou, son plus fidèle client.
Parallèlement, il développe une production dans le domaine des Arts Décoratifs, avec des projets de cheminée qui ornent des intérieurs bourgeois ou des objets qui reprennent les sujets qu’il affectionne :
" Salammbô", "Comète", "Danseuse".
Certaines de ses œuvres font l’objet d’une souscription : le Monument à Roumanille dans le square Saint-Martial à Avignon, par exemple.


Un destin brisé : de 1899 à 1905

 

Victorien a 47 ans, il a contracté une bronchite, l’année précédant la naissance d’André, qui se conjugue à un surmenage chronique.
Son organisme affaibli et sa grande maigreur le rendent vulnérable. Il est atteint d’hémiplégie en 1902, à la suite d’une congestion cérébrale. Ses amis d’enfance, originaires de Bollène, tels que le docteur Locque, devenu sénateur, le soutiennent en obtenant quelques commandes de réduction pour ses plus belles créations.
Il décède le 5 mars 1905, à l’âge de 52 ans. il a vécu les dernière année de sa vie dans une grande précarité. Juliette, son épouse, devenue veuve, trouve un travail de lingère, qu’elle conserve jusqu’à sa retraite en Algérie, auprès de son fils André. Ce dernier, n’avait que 6 ans à la mort de son père.

Victorien dans son atelier
devant le buste de la Catalane, thème qu’il a souvent repris